Belgique : révoltée contre la fermeture des cafés, une patronne dort dans son bar

Par , publié le .

Actualité

En « rage » contre la fermeture des cafés et restaurants décidée par les autorités belges pour combattre la pandémie, une patronne de bar passe depuis mardi ses jours et ses nuits dans son établissement, s’alimentant à  peine en signe de protestation.

Assise sur un lit de camp installé à  côté du zinc, Christelle Carion ne quitte pas son pyjama. «Ca sert à  quoi que je m’habille puisque je ne peux de toute façon pas travailler?»

«On ne sait pas quand on va pouvoir rouvrir. Combien de temps est-qu’on peut tenir? Rester comme ça, sans travailler, tous les jours voir qu’on perd un peu plus. C’est dur», confie cette femme de 48 ans à  l’AFP.

La commerçante s’est enfermée dans son café «Amon Nos Autes» (Bienvenue chez nous, en patois local) qu’elle tient depuis douze ans au coeur de Pepinster, commune de l’est de la Belgique située non loin de Liège.

Une démarche destinée à  alerter sur la situation d’un secteur victime de la crise du Covid-19: les bars et restaurants du pays ont dà» baisser le rideau le 19 octobre. Ils avaient été contraints de fermer pendant trois mois lors de la première vague de la pandémie au printemps 2020.

«Déjà  au début du deuxième confinement, j’avais en tête de manifester la rage qu’on s’en prenne toujours aux restaurants ou aux cafés», explique celle qu’on appelle ici «Betchette» (petit bout), un surnom qui orne son t-shirt.

«A un moment donné il faut que ça cesse». La commerçante enchaîne les cigarettes, boit du café, de l’eau, un bol de soupe. Mais se prive de nourriture solide en signe de protestation, bien décidée à  se faire entendre des dirigeants politiques locaux et nationaux.

Car les aides allouées à  ce secteur en crise sont insuffisantes estime Christelle Carion, qui touche 2.700 euros bruts par mois, de quoi payer ses crédits.

Près de 40% des établissements de l’hôtellerie et restauration étaient déjà  menacés de faillite à  l’issue du premier confinement, selon un sondage de la Foodservice Alliance publié en septembre dernier.

«Un village ou une ville sans café, sans restaurant, sans coiffeur, sans salle de sport, sans enfants qui peuvent aller à  leurs activités sportives, c’est un village ou une ville morte», souligne Christelle Carion.

«On ne travaille pas 12 ans pour après perdre tout ce qu’on a», dit cette femme de caractère, soudain gagnée par l’émotion et les larmes.

Mais la quadragénaire peut compter sur le soutien de nombreux clients et amis qui ne cessent de pousser la porte du café pour l’encourager de quelques mots. Le lit militaire pliable sur lequel elle dort lui a été prêté.

Un habitué du café, Olivier Bigonville, est passé «lui faire un petit coucou et lui remonter un peu le moral». «C’est le minimum qu’on puisse faire», lâche-t-il.

«Ce qu’elle fait est bien, il est grand temps qu’elle puisse retravailler, avoir une vie décente comme tout le monde. C’est grave ce qui passe dans» ce secteur, «comme dans d’autres domaines».

En novembre, le suicide d’une jeune barbière à  Liège avait suscité l’émotion dans le pays, devenant le symbole de la détresse face à  la crise.

Dans la vitrine du café de Christelle Carion, une gerbe offerte par le funérarium d’à  côté proclame: «Soutien aux secteurs qui se meurent».

O commentaire

Laisser un commentaire

Votre email ne sera pas publié. Champ obligatoire (*)