Ce que Thione Seck a dit au juge du deuxième cabinet, Samba Sall : «Je fais l'objet d'un complot qui vise mon fils Waly…»

L'OBS – Le chanteur, Thione Ballago Seck, était hier mardi devant le juge d'instruction du deuxième Cabinet, Samba Sall, qui l'a inculpé le 02 juin 2015. Inculpé pour une histoire de faux billets de banque en euros et dollars, le patron du «Raam-daan» se dit victime d'un complot qui vise son fils. Son complice supposé, Alaye Djiteye, sera entendu aujourd'hui. Thione a fait 4 heures dans le Cabinet du juge. C'est un dossier qui a fait naître beaucoup de commentaires. Dans un Sénégal où le moindre problème touchant une célébrité devient un événement hyper-médiatisé, l'affaire Thione Ballago Seck est aussi suivie de très près par le peuple sénégalais. Ce peuple, qui veut en savoir plus sur cette histoire de 100 millions de faux billets (65 milliards de FCfa) en Euros et Dollars, piaffe d'impatience. Depuis le début de cette affaire qui a fait de Thione un pensionnaire de la prison du Cap Manuel après un bref passage à  celle du quartier de Rebeuss, les Sénégalais ont débattu et argumenté sur la base des publications de presse. Ceux-là  qui se nourrissent de ragots, tel un chien et son os, ont croqué les moindres parties de cette affaire. Aujourd'hui, ils veulent en savoir plus. Le dossier, déposé à  la table du juge d'instruction du deuxième Cabinet, Samba Sall, depuis le 02 juin 2015, avance à  pas de géant. Hier, moins d'un mois après son placement sous mandat de dépôt, le leader du «Raam-daan» a fait son deuxième face-à -face avec le juge qui l'a inculpé et envoyé en prison pour association de malfaiteurs, falsification, altération de signes monétaires ayant cours légal à  l'étranger, blanchiment d'argent, tentative d'escroquerie. «Papa Thione», dont la vie a basculé avec cette moche histoire, n'a pas, apprend-on, varié dans sa version. Au contraire, il a maintenu ses déclarations avec des arguments, confortant les déclarations qu'il a tenues devant les enquêteurs de la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane.«… Ils ne peuvent pas atteindre mon fils, ils sont passés par moi»Victime d'un complot. Le chanteur, qui est arrivé à  13 heures, a fait face au juge d'instruction à  15 heures. Jusqu'à  19 heures, il a répondu au juge pour s'expliquer sur cette affaire qui tachète son image depuis un mois. Durant 4 tours d'horloges, il a répondu une à  une aux questions du juge d'instruction. Connu pour sa cordialité, le juge a installé cette même ambiance détendue qui met en confiance les mis en cause entendus sur le fond. Très détendu, calme et serein, Thione a, selon une source proche du dossier, confié au juge : «Je fais l'objet d'un complot qui vise mon fils Waly. Ils ne peuvent pas atteindre mon fils, ils sont passés par moi. Il y a beaucoup d'indices qui montrent que c'est un complot. Des indices comme les procès-verbaux (Pv) que l'on publie comme ça dans la presse et des montants faramineux annoncés alors qu'une telle somme n'a pas été trouvée chez moi.»La campagne internationale de dénigrement ? Thione qui se dit victime d'un complot, dit avoir été piégé. «On m'a piégé direct en passant par mon travail… (sic)», a-t-il confié à  un de ses proches. Une déclaration qui conforte ses déclarations devant le juge : «Des esprits malveillants ont même mené une campagne au niveau international ?» Comment des chaînes comme Cnn, New York Times ont-ils pu être au courant ? S'est-il interrogé. Cette question du chanteur rejoint aussi cette idée de campagne en dehors de nos frontières dont il se dit victime. Et ces gens qui auraient comploté contre lui, le chanteur dit les connaître. Seulement, il joue la carte de la sagesse. «Je suis en période de Ramadan, donc je ne vais pas citer de nom, mais je sais qui sont ces personnes, dira-t-il à  un de ses proches.»«Sakho (le cerveau en fuite), je l'ai connu au Penc Mi»Thione, n'était plus lui-même. Ces personnes auraient bien ficelé leur plan. C'est du moins ce que l'on peut retenir après le face-à -face du chanteur avec le juge. Sakho, celui qui a fui, et qui est présenté comme le cerveau de cette bande de faussaires, a tâté son terrain avant de frapper. Selon Thione : «Il était toujours dans ma boîte au Penc-Mi et c'est là -bas que je l'ai connu.» Sakho serait donc membre de cette bande d'«escrocs qui, au moment où  il n'était plus lui-même, où il n'avait plus toute sa conscience, l'ont piégé». Très détendu et parfois avec humour, le père de Waly Seck a répondu à  Samba Sall. Qui, très patient, a écouté les explications du chanteur, aujourd'hui locataire de la Chambre 2 du Cap Manuel.Thione, un homme véridique. Thione, même s'il est dans un sacré pétrin, ne cherche pas à  cacher la vérité. C'est ce que dit un de ses proches à  qui il a aussi parlé de la thèse du complot. «C'est quelqu'un qui ne ment pas. Il faut le connaître pour savoir qu'il est véridique, il dit ce qu'il pense. Quitte à  choquer !» Ses avocats, étreints par le secret de l'instruction, n'ont tout de même pas voulu s'épancher sur le dossier. Seulement, ils iront prochainement devant la Chambre d'accusation pour présenter quatre violations. «Nous allons privilégier la bataille juridique parce qu'il y a des violences flagrantes des droits de Thione, de la défense», a confié Me Ousmane Sèye, porte-parole du pool d'avocats de Thione Ballago Seck. La prochaine étape ? «On va se concerter entre avocats pour voir quelle stratégie de défense adopter…», ajoute la robe noire. Lecomplice supposé de Thione, Alaye Djiteye, sera entendu aujourd'hui.Rappelons que c'est suite à  des informations recueillies que les enquêteurs, après filature, disent avoir découvert 3 paquets emballés avec un papier transparent portant des impressions de billets de 100 Euros. Après perquisition, les enquêteurs disent avoir vu 50 millions d'Euros (32,5 milliards FCfa) dans le salon de Thione. Lorsque les gendarmes lui ont dit qu'ils étaient venus perquisitionner, «il est allé s'asseoir sur le sac et il s'est levé que sur forte insistance des gendarmes». Interpellé, Thione a, d'après l'enquête, parlé d'une série de concerts qu'on lui avait proposés et les 50 millions d'Euros, il dit les avoir reçus en avance. Thione Seck accusait les faussaires de l'avoir piégé avec les concerts pour l'escroquer. «Ils m'ont fait miroiter un gain pour me soutirer de l'argent. Ils m'ont dit que je vais gagner des milliards avec ces concerts. Ils m'ont ainsi demandé de leur prêter 85 millions de FCfa tout en m'assurant que j'allais beaucoup gagner avec ces concerts», aurait confié le chanteur aux enquêteurs.T. Marie Louise Ndiaye