En Egypte, des élections sans enjeu pour renouveler la chambre haute du Parlement

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Les Egyptiens se sont rendus mardi aux bureaux de vote pour élire la chambre haute du Parlement, un scrutin sans enjeu et peu à même de raviver la vie politique sous le régime du président Abdel Fattah al-Sissi.

Les candidats aux 200 des 300 sièges à pourvoir au Sénat sont essentiellement des partisans du chef de l'Etat, qui a largement muselé l'opposition au sein du Parlement mais aussi en dehors.

Les 100 sénateurs restants sont désignés par M. Sissi, un ancien général et ex-chef du renseignement militaire arrivé au pouvoir après la destitution de l'islamiste Mohamed Morsi, confronté à des manifestations populaires monstres un an après être devenu le premier président élu démocratiquement.

« Je ne pense pas que cela va ajouter quoi que ce soit à un paysage politique qui reste immobile en Egypte », estime Moustapha Kamel al-Sayyed, professeur de sciences politiques à l'université du Caire. Selon lui, ce scrutin « pourrait être utile en tant que moyen de récompenser ceux qui soutiennent Sissi ».

Des panneaux d'affichage faisant la promotion de candidats peu connus du grand public ont fait leur apparition dans la capitale et dans d'autres villes du pays tandis que des vidéos publiées sur internet expliquent le rôle du Sénat et appellent à voter à l'occasion de ces élections qui se tiennent mardi et mercredi.

Mardi, des électeurs portant des masques de protection sanitaire faisaient la queue devant des bureaux de vote au Caire et à Giza, le grand gouvernorat voisin de la capitale.

Dans des vidéos mises en ligne, on voit des électeurs agitant le drapeau égyptien avec l'hymne national en musique de fond.

On peut voir dans d'autres images le président, des ministres, des figures religieuses et d'autres hauts responsables en train de voter.

Sur les réseaux sociaux, des internautes se moquent d'un scrutin dénoncé comme une « farce » et jugé « inutile ».

– Libertés réduites –

Ce scrutin se tient en pleine pandémie de nouveau coronavirus, avec un nombre de nouvelles contaminations en baisse ces dernières semaines en Egypte (178 nouveaux cas lundi, pour un total de 95.492 cas dont 5.009 décès).

Les résultats sont attendus le 19 août.

Le Sénat, dont le mandat est de cinq ans et où 10% des sièges doivent être attribués à des femmes, exerce peu de pouvoirs formels. Il a pour mission « d'examiner et de proposer ce qu'il considère comme à même de renforcer les piliers de la démocratie, soutenir la paix sociale et les fondamentaux de la société ».

La chambre haute du Parlement, abolie après la destitution de Morsi quand elle s'appelait Conseil consultatif, a été restaurée par une révision constitutionnelle controversée en avril 2019, largement adoptée par référendum.

Du temps de la présidence de Hosni Moubarak, qui a démissionné sous la pression d'un soulèvement populaire lors du Printemps arabe en 2011, la chambre haute était essentiellement réservée à l'élite et aux membres de son Parti national démocrate (PND) aujourd'hui dissous.

« Les positions de la chambre haute devraient être prises en considération et ont rarement été ignorées dans l'histoire de l'assemblée législative », explique le député Mohamed Abou Hamed à l'AFP. « Toutefois, ses positions ne sont pas légalement contraignantes », ajoute-t-il.

La chambre basse dispose de davantage de pouvoirs mais les critiques dénoncent depuis longtemps le rôle très réduit du Parlement qui ne compte qu'un petit bloc d'opposition.

Sous la présidence Sissi, élu en 2014 puis réélu en 2018, l'Egypte a lancé une vaste campagne contre la mouvance islamiste, ciblant en particulier les Frères musulmans, mais aussi contre les militants de gauche, journalistes et blogueurs.

Les groupes de défense des droits humains estiment que les libertés acquises dans la foulée du soulèvement de 2011 ont été extrêmement réduites, notamment en matière de manifestations et de publications sur internet.

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