Les Etats-Unis ouvrent la route aux voitures sans chauffeur

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C'est une étape importante qui vient d'être franchie aux Etats-Unis pour le développement des voitures sans conducteur. Saisies par Google, les autorités fédérales américaines se disent prêtes à considérer les logiciels d'intelligence artificielle comme des conducteurs à part entière. Jusqu'à présent, la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA), l'agence qui définit les grandes règles du code la route, estimait que seul une personne humaine pouvait conduire un véhicule.

PORTÉE NATIONALE

Ce possible changement de réglementation permettrait aux voitures autonomes de rouler sur l'ensemble du territoire américain. En l'absence de texte au niveau fédéral, la législation est en effet définie par les différents Etats, comme cela est actuellement le cas. Cela signifie 50 réglementations différentes. Et une absence de cohérence au niveau national. Dans certains Etats, ces véhicules peuvent opérer sans conducteur. Dans d'autres, une personne doit se trouver derrière le volant. Et dans la majorité, ils sont interdits.

Fin 2015, Google et les autres fabricants avaient ainsi connu un important revers en Californie, l'Etat où se déroule pour le moment la plus grande partie des essais sur routes. Le régulateur local souhaite imposer la présence d'un « opérateur » ayant dû passer un permis spécifique et capable de reprendre immédiatement le contrôle en cas de défaillances technologiques. « Les constructeurs ont besoin d'acquérir davantage d'expérience », justifie-t-il, sans toutefois fermer la porte à des assouplissements dans quelques années.

ALGORITHMES INFORMATIQUES

Une telle obligation s'opposerait à la vision de Google. « Elle maintient le statu-quo en excluant les personnes qui ont besoin de se déplacer mais qui ne peuvent pas conduire », regrette Chris Urmson, le directeur technique du projet Google Car. Les services de transport urbain totalement autonomes seraient ainsi interdits en Californie. Or, ces « taxis robots » font partie des plans de la société. Ils figurent aussi dans les projets d'Uber, la populaire application de voitures avec chauffeur, et de General Motors, premier constructeur automobile américain.

La technologie des véhicules autonomes repose sur le machine learning (ou apprentissage automatique). Il s'agit d'algorithmes informatiques capables d'apprendre tous seuls et ainsi de réaliser des tâches jusqu'ici impossibles à accomplir. Cette forme d'intelligence artificielle est en vogue dans la Silicon Valley – Google et Facebook y investissent notamment des ressources considérables. Elle permet par exemple d'identifier des objets et des animaux sur des photos ou d'améliorer les outils de traduction.

13 ACCIDENTS ÉVITÉS

Pour les voitures sans conducteur, le défi technologique est cependant beaucoup plus complexe. Et la marge d'erreur infime. “Concevoir une machine capable d'avoir raison 99% du temps est relativement facile, mais parvenir à un taux de 99,9999%, le niveau qu'il faut atteindre, est beaucoup plus difficile. Faire des erreurs à 110 kilomètres/heure serait hautement problématique”, résume Tesla, le fabricant de voitures électriques qui propose déjà une fonction limitée de pilotage semi-automatique.

Les programmes informatiques ne savent apprendre que par l'exemple. Ils doivent donc être abreuvés de données. Dans le cas des véhicules autonomes, cela signifie accumuler les kilomètres d'essai en conditions réelles. En juin, Google revendiquait plus de 1,6 million de kilomètres parcours. La société de Mountain View assure que ses différents prototypes n'ont jamais été à l'origine d'un accident. Mais au cours des 14 derniers mois, ses opérateurs ont dû reprendre le contrôle à 272 reprises, permettant notamment d'éviter 13 accidents.

« PAS AVANT 2025 »

“Il faudra des centaines voire des milliers de véhicules de test”, estime Egil Juliussen, directeur de recherche au sein du cabinet IHS Automotive. L'algorithme doit en effet apprendre à réagir dans toutes les situations possibles: par beau temps ou sous la pluie, de jour ou de nuit, dans les embouteillages, devant une école, derrière un tracteur… “Le risque zéro n'existe pas, prévient cependant Richard Wallace, du Center for Automotive Research. Il y aura toujours un cas de figure particulier que le logiciel n'aura jamais rencontré”.

Si la bataille entre les groupes de la Silicon Valley et les grands fabricants automobiles se joue dès aujourd'hui, l'arrivée de tels véhicules sur nos routes n'est donc pas pour tout de suite. Il faudra encore attendre au moins cinq ans avant qu'une voiture ne roule de manière autonome en ville, quand la vitesse de circulation est faible, ou sur les autoroutes, où la circulation est moins complexe, prédit M. Juliussen. “Mais pas avant 2025 pour un véhicule autonome pour tous les trajets et dans toutes les conditions météorologiques”.

Photo: Google

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