L’insuffisance des investissements grippe la machine du potentiel existant

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La région de Sédhiou s’étend sur 7.330 kilomètres pour une population estimée à  553.006 habitants soit une densité moyenne de 75 habitants au km². La région dispose d’un réseau hydrographique très développé, de 12 forêts classées et de vastes étendues de terres arables. Le potentiel naturel estriche, dense et varié ; mais il contraste avec le niveau de pauvreté de la région classée dernière au Sénégal avec 65,7%, par une récente étude de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), publiée lundi. Pour le directeur de l’Agence régionale de développement (ARD) de Sédhiou, la région a pourtant progressé de quelques points. «Les dernières statistiques, avant la publication de celles-ci, faisaient de Sédhiou la troisième région la plus pauvre du Sénégal avec 68,3%. Les présentes statistiques nous donnent65,7%; cela veut dire queSédhiou a progressé en termes du nombre de pauvres qui a diminué. Des efforts sont faits et beaucoup restent encore à  faire», a dit Nfally Badji.

LES DEFIS TOUJOURS ACTUELS ET PREOCCUPANTS

Les défis restent énormes, selon Nfally Badji, notamment la réalisation d’infrastructures structurantes. «Effectivement, il y a beaucoup de défis à  relever notamment dans le domaine de l’éducation, avec des infrastructures et équipements à  réaliser. Dans le domaine du désenclavement, il faut beaucoup de routes et de pistes de production pour permettre d’évacuer les produits de cru, de l’intérieur des collectivités territoriales vers les principales routes ou centres de commerce. Il faut aussi des unités de transformation et de conditionnement pour éviter le pourrissement des produits mais surtout leur labélisation pour mieux les valoriser sur les grands marchés et gagner des parts importantes de marchés».

Et le directeur de l’Agence régionale de développement de Sédhiou d’ajouter que, «pour accompagner la région dans l’élan de développement, l’Etat doit poursuivre ses efforts déjà  enclenchés dans le domaine de l’énergie car dans cette région on voit des chefs-lieux de commune qui n’ont même pas accès à  l’électricité.

La santé, l’eau potable, entres autres, sont des priorités dans cette région», a-t-il souligné. Ces résultats ne surprennent guerre les populations de la région de Sédhiou qui ont fini de transformer la rue publique en de hauts lieux des lamentations pour réclamer, avec véhémence, des services sociaux de base. «Nous n’avons pas de routes ni de simples pistes de production et du coup nos produits pourrissent en zone de production. Si quelqu’un est malade ou si c’est une femme enceinte, c’est des problèmes pour les évacuer ; et, partout, ils meurent en évacuation sanitaire. L’énergie, c’est encore pire car nous nous éclairons à  la bougie notamment dans les zones de Pakao, Sonkodou et le Boudié. Les écoles sont essentiellement en abris provisoires et comment voulez-vous que l’on produise des résultats performants. Pour boire, il faut se rapprocher des puits traditionnels. Le téléphone, par endroit, il faut passer par l’opérateur de la Gambie ou de la Guinée-Bissau pour communiquer avec quelqu’un qui est à  côté, ici au Sénégal, en zone de frontière», a résumé Mamading Yaffa, le coordonnateur du Collectif des villages des communes de Yarang Balante et de Mangaroungou Santo, dans le département de Goudomp.

LES CRITERES DE L’ENQUETE, LA PRECARITE DANS TOUS SES ETATS

Dans sa démarche, l’Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages au Sénégal (EHCVM) indique également dans le rapport avoir appréhendé le cadre de vie des ménages. «En milieu rural, les ménages sont généralement propriétaires de leur logement, sans titre de propriété. Les ménages locataires se retrouvent majoritairement dans le milieu urbain. En moyenne, le nombre de personnes par pièce est plus important chez les pauvres que chez les non pauvres». Et le document de révéler : «des disparités sont notées aussi sur l’accès aux services associés au logement (électricité, internet, eau, assainissement, énergie de cuisson) suivant le milieu de résidence du ménage et la situation de pauvreté. Ainsi, les populations de la zone rurale et les ménages à  faible revenu ont un accès plus limité à  ces services». Le mal est profond, l’ANSD confirme et les populations expriment leur raz-le bol général. Et, par endroit, l’on est à  même se demander si ce ne sont pas des Sénégalais entièrement à  part. «Parfois, on se demande si nous ne sommes pas des Sénégalais entièrement à  part, au regard du mépris et de l’injustice auxquels nous sommes confrontés», se désolent nos interlocuteurs accablés par l’ampleur de la précarité ambiante. Et pourtant, l’Etat semble avoir bien compris ce malaise en zone reculée, au point de mettre en place des programmes du genre PUDC (Programme d’urgence de développement communautaire) et PUMA, le Programme de modernisation des axes et territoires frontaliers. Mais, jusqu’ici, le PUMA et autres projets et programmes peinent à  assouvir la forte demande sociale.

MOUSSA DRAME

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