Une année politique bien remplie

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La politique n'aura pas connu de répit en 2017 à la faveur des élections législatives du mois de juillet organisées sur fond de profondes divergences entre l'opposition et la majorité sur bien des sujets.

Et il à craindre que cette situation ne s'exacerbe en 2018, à un an d'un rendez-vous majeur : l'élection présidentielle de 2019 au cours de laquelle, Macky Sall devrait solliciter un second mandat.

Le 30 juillet 2017, les Sénégalais étaient convoqués aux urnes pour élire 165 députés de la 13e législature, dont 15 représentant la diaspora. Le scrutin était inédit, les électeurs étant invités à départager 47 listes de candidats. Face à cette pléthore de candidats, il a fallu recourir au vote d'une loi permettant à l'électeur de choisir au moins 5 bulletins.

L'autre point de friction entre la majorité et l'opposition a été le problème du retrait des cartes d'électeur. En effet, de nombreux citoyens se sont plaints de n'avoir pas pu entrer en possession de leur carte d'identité biométrique.

L'opposition dénonce et accuse alors la majorité et le ministre de l'Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo de vouloir tripatouiller le vote. Le chef de l'État finira par trancher, en demandant au Conseil constitutionnel son avis sur la possibilité de permettre aux citoyens de pouvoir voter simplement avec un récépissé d'inscription et sur présentation d'une pièce d'identification.

L'avis favorable du Conseil constitutionnel donne du grain à moudre à l'opposition qui y voit la porte ouverte à la fraude et critique de façon exacerbée encore, le jour du scrutin, des dysfonctionnements liés, entre autres, à l'ouverture tardive de bureaux de vote.

Elle réprouve également l'absence de bulletins dans certains bureaux comme à Touba, où des électeurs ont simplement saccagé des bureaux, empêchant la tenue de l'élection dans cette ville religieuse qui renferme pourtant un important corps électoral.

De ces législatives, l'on retiendra aussi le retour dans l'arène politique de l'ancien président de la République Me Abdoulaye Wade (2000-2012). Tête de file de la liste nationale de la Coalition gagnante Mànkoo Wattu Senegaal, le Pape du Sopi, à 91 ans, a encore une fois démontré sa capacité à galvaniser les foules durant les meetings, allant même jusqu'à annoncer la tenue d'une marche à Dakar pour le retrait des cartes d'électeur.

Après le scrutin législatif et la formation du gouvernement, le nouveau ministre de l'Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, issu également de l'Alliance pour la République (APR), annonce l'ouverture d'un dialogue avec l'opposition pour trouver un consensus sur le processus électoral. « Si nous avons l'intérêt du Sénégal en ligne de mire, nous pouvons nous retrouver autour de l'essentiel », estime Aly Ngouille Ndiaye.

Le chef de l'État profite de la célébration du gamou pour inviter lui-même l'opposition au dialogue.

« Nous tendons la main parce qu'on est aux postes de responsabilité et on doit discuter des sujets qui intéressent le pays. Mais, cela ne veut pas dire qu'on sera d'accord sur tous les points », lance Macky Sall lors de la célébration du Gamou de Tivaouane.

« L'essentiel, a poursuivi le président Sall, c'est de dialoguer pour recueillir les préoccupations de chaque partie et pouvoir les résoudre comme le veut la démocratie. Si on n'arrive pas à trouver un terrain d'entente, le débat sera porté à l'Assemblée nationale et la majorité va adopter la loi pour trancher sur un sujet bien déterminé. Il est préférable de trouver le consensus pour éviter les polémiques ».

Ce dialogue doit porter, entre autres, sur le statut de chef de l'opposition, la réglementation de la participation aux élections, la révision des listes électorales.

Ils sont, le 21 novembre, une centaine de partis et coalitions de partis à participer à ces concertations. Mais , 14 formations politiques, qui ont décidé de boycotter cette rencontre, annoncent la mise sur pied d'un « front électoral » regroupant le Parti démocratique sénégalais (PDS), Rewmi, la coalition Mànkoo Taxawu Senegaal dirigée par le maire de Dakar, Khalifa Sall, en, détention préventive pour « détournement de deniers publics ».

« L'expérience des élections législatives du 30 juillet 2017 au Sénégal, douloureuse à tous égards, assigne à l'opposition démocratique la responsabilité de poursuivre et d'intensifier le combat pour la restauration de la fiabilité du processus électoral tout entier. Les dégâts politiques découlant de ce scrutin sont en effet d'une gravité sans précédent puisqu'ils ont produit une rupture de confiance profonde », soutiennent les responsables de l'opposition.

Les organisations signataires lancent un appel à toutes les forces politiques et sociales convaincues que le processus électoral au Sénégal doit être revu de façon complète pour lui permettre de recouvrer sa fiabilité en termes de transparence, de sincérité et de liberté.

Outre les questions purement électorales, le cas de Khalifa Sall est un élément de friction entre opposition et majorité.

Le maire de Dakar, élu député lors des élections législatives, est en détention depuis mars dernier pour des malversations présumées portant sur 1,8 milliard de francs CFA dans le cadre de la gestion de la « caisse d'avance » de la municipalité de la capitale. Toutes ses demandes de liberté provisoire ont été rejetées.

L'opposition le considère comme un « détenu politique », « potentiel » candidat face à Macky Sall à la présidentielle de 2019, et accuse le pouvoir de bafouer tous ses droits dont son immunité parlementaire levée par l'Assemblée nationale. Dans cette affaire, la majorité met en avant la politique de reddition des comptes publics pour justifier l'incarcération de Khalifa Sall.

Ouvert le 14 décembre, son procès a été renvoyé en audience spéciale le 3 janvier.

Auteur: Aps – APS

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