Loi sur le statut de l’artiste : des acteurs saluent ’’une bonne nouvelle’’

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Culture

Dakar, 31 déc (APS) – Plusieurs acteurs culturels sénégalais saluent l’adoption par l’Assemblée nationale de la loi portant statut de l’artiste et des professionnels de la culture, un nouvel instrument juridique qui devrait selon eux leur garantir une plus grande reconnaissance.
 
Ces créateurs sénégalais, danseurs, chorégraphes, artistes visuels et musiciens interrogés par l’APS, estiment que l’adoption de ce projet de loi constitue une bonne nouvelle, dans le cadre de l’assainissement du secteur.
 
« C’est une très bonne chose parce qu’on était toujours dans le flou. Vu les problèmes qu’il y a eus au niveau des fonds alloués par exemple dans le secteur de la danse, on ne savait pas qui était réellement professionnel et qui ne l’était pas », a dit Marianne Niox directrice artistique de « Artea culture ». 
 
La danseuse et chorégraphe ajoute que la détermination juridique du statut de l’artiste va aider, à l’avenir, à savoir qui peut être considéré comme acteur du secteur ou non.
 
De cette manière cette loi va commencer à ’’nous couvrir, nous mettre en sécurité ne serait-ce qu’au niveau de la couverture sociale où on est très démunis, chacun fait ce qu’il peut suivant ses moyens », a indiqué Marianne Niox.
 
Le plasticien Viyé Diba estime que l’adoption de cette loi « est une très bonne nouvelle pour la communauté artistique, car elle s’inscrit dans l’architecture de la professionnalisation du secteur de la culture », un secteur « par nature très ouvert », note-t-il. 
 
« On n’a pas défini qui est artiste, qui ne l’est pas, qui est peintre et qui ne l’est pas, qui est musicien, qui ne l’est pas, qui est écrivain et qui ne l’est pas, qui est architecte, qui ne l’est pas, et même qui est journaliste et qui ne l’est pas », a-t-il relevé.
 
Selon Viyé Diba, le Sénégal par rapport à ce qu’il représente dans le monde sur le plan de la culture, en Afrique en particulier, doit se doter d’instruments permettant aux acteurs d’évoluer dans ce secteur avec certaines garanties, notamment concernant la pratique de leur métier et son organisation sociale.
 
« C‘est extrêmement important comme avancée, cette loi vient renforcer un peu l’environnement dans lequel les artistes évoluent. La question de qui est promoteur, galeriste, agent d’artistes, commissaire… va être résolue », fait-il valoir. 
 
Pour Viyé Diba, « le Sénégal ne peut pas se donner le luxe d’avoir le plus grand évènement sur le continent », à savoir la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, alors que son environnement culturel « reste artisanal ».
 
« Il faut que le Sénégal sache ce qu’il veut et ce que l’on est. Ce pays a un leadership reconnu qui doit être renforcé par l’environnement dans lequel les gens évoluent », déclare-t-il. 
 
Cette loi vient contribuer à « reconnaitre la créativité artistique comme moteur du développement et de l’épanouissement d’industries culturelles dynamiques au Sénégal », selon les Acteurs de l’industrie musicale (AIM). 
 
« Elle va reconnaitre l’importance de la contribution des artistes à l’enrichissement culturel, social, économique et politique du Sénégal entre autres », indique le résident de l’AIM, Zeynoul Sow. 
 
Le président de l’Association des métiers de la musique, Daniel Gomes, invite pour sa part les artistes à ne pas verser dans « un triomphalisme » et à faire preuve de « plus de vigilance ».
 
« Nous avons peur que les gens versent dans un triomphalisme alors que ce n’est qu’une marche qui vient d’être gravie. On a eu du mal à faire passer cette loi parce qu’il prend en charge tout un secteur informel ».
 
« S’il ne s’il s’agissait que de l’artiste, peut-être qu’on aurait eu vite ce texte, mais il fallait prendre en compte tous les artistes et les auxiliaires de la profession, les professionnels de la culture, c’est pourquoi cela n’a pas été facile », dit-il.
 
La nouvelle loi « trace les grandes lignes, c’est une loi d’orientation, parce car il y a le statut de travailleur pour les acteurs mais aussi celui d’entrepreneur pour ceux qui ne sont pas des acteurs et qui se retrouveront dans le camp des employeurs ».
 
A partir de là, « même si c’est le ministère de la Culture qui a impulsé cette loi qui a été voté, les aspects culturels ont été pris en compte. Maintenant, il faut savoir qu’on a une tutelle supplémentaire qui est le ministère du Travail », a indiqué Daniel Gomes.
 
Il estime que « le chantier est encore long, car les textes d’application doivent être élaborés en étroite collaboration avec le ministère du Travail ».
 
Le président de l’Association des métiers de la musique signale, à titre d’exemple, que les textes d’application de la loi sur le droit d’auteur, votée en 2008, n’ont été pris qu’en 2016, « c’est-à-dire 8 ans plus tard. Nous aimerions bien éviter cela pour cette loi », dit-il.
 
La loi portant statut de l’artiste et des professionnels de la culture, examinée mercredi à huis clos par l’Assemblée nationale, en raison de la pandémie de Covid-19, a été adoptée à la majorité des députés présents, une seule abstention ayant été notée, selon Abdoulaye Koundoul, directeur général du Théâtre national Daniel Sorano. 
 
La séance a été présidée par le président de l’Assemblée nationale Moustapha Niasse. 
 
Cette loi vise à consolider l’option de protection des arts et lettres inscrite dans la Constitution, a souligné le ministre de la Culture et de la Communication Abdoulaye Diop. 
 
Composée de six chapitres, la loi sur le statut de l’artiste et des professionnels de la culture réaffirme les droits fondamentaux des artistes et des professionnels de la Culture, précise la qualification et l’encadrement des contrats de collaboration professionnelle, les conditions d’accès aux professions indiquées et les conditions du soutien de l’Etat.

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