COVID, AIR SENEGAL, DESTINATION SENEGALÂ… : Il faut sauver le tourisme

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Economie

Orienter la stratégie nationale vers celle des niches, mettre l'accent sur le tourisme religieux, revaloriser les sites historiques, bien déterminerles marchés cibles, etc. Ce sont, entre autres recommandations faites hier par les parlementaires pour que le tourisme sénégalais puisse contribuer pleinement au produit intérieur brut (PIB) du pays. Les députés s'exprimaient hier, lors du vote du budget 2021 du ministère du Tourisme et des Transports aériens.

La Covid a montré les « sources de faiblesse'' de l'économie, essentiellement les sources de fragilité du secteur du tourisme. Parmi celles-ci, Moustapha Guirassy a cité la « forte dépendance'' du Sénégal au marché émetteur européen et aussi la stratégie du tourisme de masse. « Pour améliorer la soutenabilité de ce secteur, il faut absolument orienter la stratégie vers celle de niches et intervertir les stratégies. Mais il me semble que la difficulté que nous avons, ce n'est pas la pertinence de la stratégie de niches, parce que beaucoup de ministres ont cette vision, mais la principale difficulté, c'est la mise en Âœuvre de la stratégie de niches, avec toutes les composantes religieuses, culturelles, etc. Mais l'autre défi c'est le savoir. Aujourd'hui, c'est le savoir qui transforme. Un secteur comme le tourisme sans l'infusion du savoir, ce sera difficile de mettre en Âœuvre cette stratégie dans les niches'', explique le député.

Poursuivant ses propos à l'occasion du vote du budget du ministère du Tourisme et des Transports aériens, il a soutenu que, de plus en plus, aujourd'hui, avec le tourisme doux, on n'a plus besoin de bouger, d'aller quelque part. « Ce que l'on recherche, c'est une activité, ou des activités, la qualité des services et surtout le contenu. Quand on prend une ville comme Kédougou, on a l'impression que, d'un point de vue touristique, on gagnerait beaucoup à y aller. C'est vrai qu'il y a le territoire qui est là, le paysage est très beau, mais il suffit simplement de quelques minutes de visite de Dindéfelo et après, il n'y a plus rien'', regrette-t-il.

Autrement dit, pour une stratégie de niches, il faut absolument « investir'' les universités, « se rapprocher des acteurs locaux'' pour « créer le contenu'', pour ''donner du sens et mettre en avant'' des activités. « C'est le contenu qui est recherché par les touristes et voyageurs. L'autre suggestion est de mettre l'accent sur une stratégie digitale et de revoir aussi notre e-réputation touristique'', dit-il.

Sa collègue Aïssatou Mbodj d'ajouter que le secteur du tourisme souffre de la « faiblesse de l'offre''. « On a trop misé, jusque-là, sur le balnéaire et il faut prôner l'écotourisme et le tourisme religieux. Le village de Thieytou, qui est le dans le département de Bambey, c'est là où repose le grand savant Cheikh Anta Diop. Beaucoup de touristes s'y rendent malgré l'état défectueux des routes'', préconise-t-elle.

Pape Sagna Mbaye: « Le secteur du transport aérien perdra 40 à 50 % de son chiffre d'affaires''

Aujourd'hui, face aux impacts de la Covid-19, le député Pape Sagna Mbaye a relevé que le secteur du transport aérien perdra 40 à 50 % de son chiffre d'affaires. « Donc, il est évident qu'on ne peut pas prévoir de bénéfice. Mais pour la survie de ce secteur, il faut une stratégie de niches. Vous l'avez bien compris avec votre programme n°1 « Développement des infrastructures aéroportuaires', avec environ 87 milliards en autorisations d'engagement. C'est une excellente vision, car avant de se développer vers l'extérieur, il faut exploiter l'existant. Et l'aéroport de Ouroussogui-Matam dont les travaux ont été lancés hier (lundi) en est une brillante illustration. Et 12 autres aéroports régionaux vont suivre. Car l'existant, c'est le Sénégal, le marché de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et celui de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) qui constituent un marché intérieur porteur grâce aux accords sous-régionaux d'environ 400 millions d'habitants'', soutient-il.

S'agissant de l'ASPT, le ministre Alioune Sarr a fait savoir que son budget est financé, en partie, par la taxe de promotion touristique qui est de 1 000 F CFA par touriste hébergé et par nuitée. Ainsi, Alioune Sarr a informé qu'un projet de loi est en cours de discussions pour que le montant de cette taxe soit revu à la hausse. D'après le ministre, l'essor des aéroports régionaux va booster aussi bien le tourisme que le développement des régions concernées. « Mieux encore, ces aéroports seront gage de cohésion sociale et d'intégration territoriale, à l'image de la liaison Dakar – Ziguinchor. A ce propos, il est prévu le démarrage prochain de l'aéroport de Tambacounda, Ziguinchor et Kédougou, trois mois après la livraison de ceux de Saint-Louis et Ouroussogui-Matam, en octobre 2021'', affirme Alioune Sarr.

Abordant la question de la promotion de la destination Sénégal, le ministre a informé des efforts enregistrés au profit de l'ASPT, dont la dotation est passée de 900 millions de francs CFA en 2020, à 1,5 milliard en 2021, soit une augmentation de 600 millions en faveur des activités de promotion touristique.

Par ailleurs, il a notifié que pour les besoins d'accompagnement et de relance, un montant d'environ 168 milliards de F CFA est alloué au secteur pour les trois années à venir, dans le cadre du PAP2A 2021-2023, afin de le rendre plus performant.

Renforcer les moyens d'Air Sénégal

Conscients que le développement du tourisme sénégalais ne peut pas se faire sans une compagnie nationale forte, les députés ont préconisé le renforcement des moyens d'Air Sénégal.

« Air Sénégal, c'est notre fierté. Lancer une compagnie, c'est d'abord un point d'optimisation et d'équilibre financier. Ce n'est pas seulement un problème de spécialistes. Il faut optimiser le modèle financier. Nous avons des parts de marché à augmenter. Mais la compagnie ne peut pas tout de suite investir pour acquérir toute la flotte sur la base de ses propres ressources. C'est pourquoi toutes les compagnies du monde font du lising, de la location d'avions pour pouvoir couvrir une demande sur le marché, et Air Sénégal est dans cette bonne direction'', relève Seydou Diouf.

Ainsi, le parlementaire s'est réjoui du fait que le président de l'Assemblée nationale ait donné des instructions pour que ses collègues ne prennent, sur des destinations couvertes par Air Sénégal, que des billets de la compagnie nationale. « C'est un exemple de patriotisme et la compagnie Air Sénégal mérite d'être accompagnée. L'Etat a mis 45 milliards pour pouvoir aider la compagnie à faire face à la Covid-19. C'est cela la voie'', témoigne-t-il.

Ministre Alioune Sarr: « Air Sénégal doit être une réussite''

Répondant aux interpellations du président du groupe parlementaire des Libéraux et démocrates sur la compagnie Air Sénégal et le nombre d'avions qu'elle a, le ministre en charge des Transports aériens a précisé, d'abord, que quand une compagnie doit assurer la liaison entre son pays et les pays européens, elle doit se munir d'une licence TCO (Third Country Operator). « Et Air Sénégal, quand elle venait de démarrer, n'avait pas cette licence. C'est pourquoi elle a été sous couvert d'Hi Fly pour assurer ses liaisons. Mais maintenant, Air Sénégal a cette licence. Donc, elle n'a plus besoin de Hi Fly. Pour rappel, Air Sénégal a 8 avions dont 4 acquis sur fonds propres et 4 sous locations. C'est ce que font la plupart des compagnies de transport aérien'', rapporte-t-il.

Pour les performances d'Air Sénégal, le ministre a noté l'adhésion, le soutien des Sénégalais. Il a rappelé d'ailleurs que le président de la République a donné plusieurs fois des instructions au gouvernement et sociétés nationales de prendre systématiquement Air Sénégal, dans les destinations où Air Sénégal est. « Ce qui se fait. Au départ, Air Sénégal avait quelques problèmes de remplissage, mais aujourd'hui, c'est réglé. La compagnie est n°1 sur le marché suivant: Il s'agit des axes Dakar – Paris, Dakar – Marseille, Dakar – Banjul, Dakar – Bamako, Dakar – Conakry, Dakar – Barcelone, etc. Je voudrais vraiment qu'on soutienne notre compagnie. Parce qu'une compagnie, ce n'est pas facile. Nous devons être extrêmement vigilants, rigoureux, et le directeur général n'a d'autre choix que de réussir, avec les meilleurs profils, une meilleure gestion rigoureuse pour qu'Air Sénégal soit une réussite. On ne peut pas investir plus de 600 millions d'euros dans un aéroport neuf, construire 13 aéroports régionaux et naturellement s'amuser avec une compagnie'', soutient-il.

Concernant la desserte sur l'Italie, le ministre a informé qu'en plus des vols ouverts par les compagnies Blue Panorama et Neos, qui assurent déjà la liaison Dakar – Milan, il est prévu le lancement prochain des vols d'Air Sénégal sur Milan, d'ici la fin de l'année. La concurrence entre ces trois compagnies va certainement, selon le ministre, « faire baisser'' les tarifs des vols. A ce propos, il a souligné que la marge de manÂœuvre de l'Etat est moindre sur la fixation du prix des billets d'avion, qui relève des compagnies aériennes.

En outre, il a fait part de l'ouverture des vols d'Air Sénégal sur Libreville, qui ont connu un grand succès. Ils seront élargis sur toute l'étendue du territoire national et de l'espace sous-régional.

Quant à la ligne New York – Dakar – Washington, son ouverture prévue initialement à la fin de l'année, est reportée en 2021, à cause de la pandémie de Covid-19. Cependant, une fois cette ligne ouverte, il sera envisagé, à partir de New York, une correspondance sur le Canada.

198milliards d'autorisations d'engagement et 35milliards de crédits de paiement

Pour l'exercice 2021, le budget du ministère du Tourisme et des Transports aériens est arrêté à la somme de 35070493503 F CFA en crédits de paiement. Les autorisations d'engagement s'élèvent à 198305935533 F CFA. Pour le programme « Développement des infrastructures aéroportuaires'', le rapport des travaux de commissions des parlementaires indique que pour l'exercice 2021, les autorisations d'engagement sont estimées à 97290263264 F CFA et les crédits de paiement dudit programme s'élèvent à 4572712500 F CFA.

Il faut souligner que le secteur du tourisme et des transports aériens a bénéficié d'une enveloppe de 82 milliards de francs CFA. Une enveloppe qui a permis, selon le ministre Alioune Sarr, d'affecter au hub d'Air Sénégal 45 milliards de F CFA, pour l'opérationnalisation de son plan de développement et 15 autres milliards au crédit hôtelier et touristique, pour soutenir toutes les entreprises de la chaine de valeur de ce secteur.

« De même, un montant de 12 milliards de F CFA a été alloué au crédit du transport aérien, 12 milliards de F CFA au paiement des hôtels réquisitionnés et 5 milliards pour soutenir et accompagner les entreprises et agences du portefeuille de l'Etat'', dit-il. En outre, le ministre indique qu'un montant de 200 milliards de F CFA a été dégagé pour alimenter un fonds de garantie et de bonification qui permettra aux entreprises du secteur de disposer de crédits de trésorerie et des prêts rapides auprès des établissements financiers.

MARIAMA DIEME

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