MISE EN PLACE CAMPUS FRANCO-SENEGALAIS : Le Sudes/ESR s'indigne devant un projet « raciste'' de Macron

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Economie

Le Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal/Enseignement supérieur et recherche (Sudes/ESR) dénonce l'attitude inqualifiable du gouvernement et du ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation.

L'enseignement supérieur sénégalais vit une crise profonde. Mais le gouvernement et son ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation (Mesri) n'ont, à aucun moment, pris la pleine mesure du problème de l'université sénégalaise et tiré les conséquences qui s'imposaient en termes de responsabilité à adopter et de décision urgente à prendre. Cet avis tranché est celui du Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal/Enseignement supérieur et recherche (Sudes/ESR).

Dans un communiqué publié hier, ces enseignants du supérieur pointent du doigt « l'irresponsabilité inqualifiable'' de Cheikh Oumar Anne, à la tête du ministère, qui a installé dans ce secteur « un chaos jamais connu dans l'histoire récente de l'enseignement supérieur public sénégalais''.

Alors que les solutions urgentes à apporter aux problèmes font foison dans la gestion des universités sénégalaises, le Sudes/ESR dit avoir appris de façon surprenante que les grands efforts du gouvernement sénégalais étaient désormais orientés vers la création et la mise en place d'un campus franco-sénégalais en terre sénégalaise. Ce qui apparaît, sous plusieurs rapports, « comme une façon, pour l'Etat du Sénégal, de mobiliser son énergie, ses ressources financières et foncières à la solution d'un problème français''.

Pour les syndicalistes, cette affaire peut s'assimiler à un véritable scandale. Ce qui fait que le Sudes/ESR exprime son indignation suite « à la création incompréhensible et injustifiable de ce campus qui valide et appuie la politique raciste décidée par le président Macron qui a augmenté les droits d'inscription pour les étudiants africains et cherche à tout prix à leur fermer l'accès à l'espace européen''. D'autant plus qu'en accueillant ce campus franco-sénégalais, « le Sénégal aide la France à capter l'argent des étudiants africains les plus solvables dont elle veut l'argent, mais pas la proximité'', s'indigne cette partie du corps enseignant universitaire.

Le choix des autorités publiques est encore plus incompréhensible qu'il risque, à termes, d'affaiblir le système d'enseignement supérieur public et privé, tout en accordant des ressources publiques à un enseignement supérieur au profit de l'ancienne puissance coloniale. Pour le Sudes/ESR, l'urgence du gouvernement devrait plutôt être « le développement d'un système d'enseignement supérieur endogène de qualité, qu'il soit privé ou public, l'achèvement des chantiers qui trainent depuis plus de dix ans, le recrutement d'enseignants-chercheurs en nombre suffisant et la mise aux normes des universités publiques pour qu'elles soient capables de mettre en place un encadrement bimodal plus efficient''.

Au moment où le gouvernement s'applique à matérialiser le projet de l'Elysée, les syndicalistes rappellent que rien ne va dans l'enseignement supérieur, au moment où 68000 bacheliers s'apprêtent à rejoindre les campus. Pire, notent-ils, leur ministre de tutelle, Cheikh Oumar Anne, se cache derrière la pandémie de coronavirus « pour justifier son incompétence et se dérober de ses responsabilités dans la situation actuelle des universités publiques sénégalaises''.

Malgré leurs alertes répétées depuis décembre 2019, le gouvernement du Sénégal et son ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation « n'ont, à aucun moment, pris la pleine mesure du problème de l'université sénégalaise''. La conséquence ultime fut une année blanche à l'université Assane Seck de Ziguinchor (UASZ) excepté son UFR de santé.

Lors d'une rencontre avec Cheikh Oumar Anne au tout début de la pandémie, le Sudes/ESR a déclaré avoir insisté sur la nécessité de prendre sans délai des mesures indispensables pour la continuité pédagogique dans un contexte d'état d'urgence sanitaire: doter tous les Per (ainsi que les étudiants) d'ordinateurs, de bureaux et d'accès illimité à Internet, de même que la mise à profit de la période de l'état d'urgence sanitaire pour achever les chantiers en cours dans les universités et créer le nombre important de postes de Per requis pour assurer un enseignement bimodal (en présentiel et à distance) de qualité et conforme aux normes.

En lieu et place, en début septembre, le ministre a distribué aux enseignants des universités des modems Orange d'accès à Internet de 2 go. Et le Sudes/ESR demande même à l'Ofnac de s'autosaisir et d'ouvrir une enquête sur cette affaire.

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