POLEMIQUE SUR LES LICENCES DE PECHE : Les mareyeurs apportent leur soutien à Alioune Ndoye

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Economie

Les révélations contenues dans le dernier rapport de Greenpeace Africa sur l'octroi de nouvelles licences de pêche au Sénégal à 4 navires chinois, ne convainquent pas les associations des mareyeurs sénégalais. Ces acteurs de la filière pêche ont crié hier tout le bien qu'ils pensent de la gestion du secteur par le ministre des Pêches et de l'Economie maritime.

C'est une bouffée d'air frais qui vient souffler sur Alioune Ndoye. Acculé ces derniers jours sur la polémique sur des licences de pêche qu'il aurait attribuées à des navires étrangers, le ministre des Pêches et de l'Economie maritime peut compter sur une composante de la filière pêche.

Les mareyeurs ont, en effet, tenu hier un point de presse pour lui apporter leur soutien et exiger l'arrêt de la chasse aux sorcières dont ils estiment le ministre victime. « Nous dénonçons les attaques de supposées ONG, d'organisations d'armateurs et d'opposants à l'encontre de notre ministre de tutelle Alioune Ndoye. Il fait un excellent travail, depuis qu'il est à la tête de ce département. Il a démenti toutes les rumeurs sur les licences de pêche dont on l'accuse, assurant n'en avoir signé aucune. Mais les accusations continuent. Nous voulons que cela cesse'', exige Djiby Ndiaye, le vice-président de l'Association nationale des mareyeurs du Sénégal (Anams).

Dans un rapport publié ce mois d'octobre 2020, intitulé « Mal de mer: pendant que l'Afrique de l'Ouest est confinée par la Covid-19, ses eaux restent ouvertes au pillage'', l'ONG Greenpeace Africa fustigeait le processus d'attribution de licences de pêche au Sénégal souvent entaché de pratiques suspectes comme la récente « introduction illégale de dizaines de navires dans la flotte sénégalaise (…)'' dénoncée par le Gaipes (Groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal) aux côtés d'autres acteurs du secteur de la pêche sénégalaise.

Selon Greenpeace, en raison du manque de transparence dans ce processus, un nombre inconnu de navires de pêche industrielle étrangers sillonnaient les eaux sénégalaises, malgré le confinement dû à la pandémie de la Covid-19 et des tentatives ont été faites pour accélérer un processus d'octroi de licences de pêche pour 52 navires étrangers. L'organisation de la société civile rajoute que « le 6 mai, les médias locaux ont publié des preuves que l'un des 56 navires de pêche, le « Fu Yuan Yu 9889', avait obtenu une licence de pêche le 17 avril 2020. La licence avait été accordée, en dépit des affirmations du ministère des Pêches selon lesquelles aucune nouvelle licence n'avait été octroyée. Le 12 juin, les médias locaux ont révélé des informations concernant l'octroi de trois autres licences. Une licence pour le « Fu Yuan Yu 9885' (licence 170), une pour le « Fu Yuan Yu 9886' (licence 171) et une pour le « Fu Yuan Yu 9888' (licence 173) ont été délivrées le 17 avril 2020. Greenpeace peut à présent prouver l'existence de ces licences''.

« Ils essayent de manipuler chaque ministre de passage dans ce département''

Mais rien de tout cela n'est vrai. En tout cas si l'on en croit Djiby Ndiaye. « Depuis l'ancien ministre Haidar El Ali, ils essayent de manipuler chaque ministre de passage dans ce département. S'ils n'arrivent pas à leurs fins, ils font tout faire pour le faire virer. On ne peut pas continuer ainsi, car cela nous pousse à redémarrer chaque projet avec un nouveau ministre. C'est pour cela que nous disons au président de la République que les mareyeurs sont très satisfaits du travail d'Alioune Ndoye au ministère des Pêches'', assure le vice-président de l'Anams.

Thierno Mbengue, le président de la même organisation, lui, ne tarit pas d'éloges sur Macky Sall. Pour lui, le président de la République a respecté toutes les promesses qu'il a faites, depuis qu'il est au pouvoir. « C'est à Saint-Louis qu'il avait offert 5 milliards de francs CFA aux pêcheurs, sachant que sans eux, aucun mareyeur ne pourrait travailler. Le Sénégal n'avait plus construit de quai de pêche, depuis 1986. Depuis 2012, le président Macky Sall en a construit 12. Sept sites de transformation des produits halieutiques ont aussi été construits. Il a ensuite subventionné l'achat des moteurs de pirogue à hauteur d'un million de francs CFA. Un autre projet de 10 milliards, c'est-à-dire 10000 moteurs, est en cours. L'essence des pirogues bénéficie d'une subvention annuelle de 7 milliards; 61 camions frigorifiques vont bientôt être disponibles pour les mareyeurs. Les gilets qui se venaient à 15000 F CFA l'unité s'échangent maintenant à 2500 F CFA'', liste-t-il les réalisations dans le secteur.

Mais pour en venir aux accusations contre le ministre, il se veut catégorique: « Nous voulons que les Sénégalais, et surtout les acteurs de la pêche, sachent qu'Alioune Ndoye n'a vendu aucune licence de pêche. Seules certaines ont été renouvelées, mais il n'a signé aucune nouvelle licence. Nous allons lutter, s'il le faut, pour défendre ce ministre qui nous a montré qu'il aime la mer autant que nous.''

« Seul Macky Sall peut demander à Alioune Ndoye de publier la liste des bateaux exerçant dans les eaux sénégalaises'''

Président de l'Union nationale des mareyeurs, Mamadou Sow va plus loin et assure qu'il n'y a pas, dans les eaux sénégalaises, de bateau de pêche appartenant à un non Sénégalais. « C'est vrai que toute la flotte sénégalaise est originaire d'autres pays. Mais tous les navires appartiennent à 51 % à des Sénégalais'', analyse-t-il. Alors que des organisations de la société civile réclament la publication de la liste des bateaux autorisés à pêcher dans zone économique exclusive du Sénégal, Mamadou Sow est d'avis que le ministre des Pêches et de l'Economie maritime est dans ses droits de ne pas accéder à cette requête, puisque seul le président de la République peut lui demander de le faire.

Ces mareyeurs expliquent la baisse notée ces derniers temps dans les prises de poisson par l'hivernage. « Cela a toujours été ainsi. Dès qu'il passera, on reverra les gros débarquements. Mais on ne peut pas laisser dire que c'est parce qu'on a vendu des licences à des bateaux étrangers qu'on ne voit plus de poisson dans nos côtes'', note Djiby Ndiaye.

Dans la même veine, son président avertit sur « des vidéos sciemment montées'' échangées sur les réseaux sociaux et « montrant de fausses informations sur des navires étrangers qui pêchent dans les eaux sénégalaises''.

Pour ces mareyeurs, les navires de pêche sont cruciaux pour leur prospérité. Comme l'explique Adja Fatou Touré: « Les bateaux de pêche nous vendent leurs prises. C'est ce que nous revendons au marché central de poissons. S'ils ne viennent plus, nous n'aurons plus de quoi travailler.''

Lamine Diouf

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