RELANCE ECONOMIQUE, LUTTE CONTRE COVID-19Â… : L'heure du numérique

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Economie

Le Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad) abrite, depuis hier, pour deux jours, la 2e édition du Forum du numérique. Rencontre à laquelle participent, en visioconférence, les acteurs marocains et ivoiriens de l'économie digitale.

Si un secteur de l'économie sénégalaise a su faire face et dompter la pandémie de coronavirus qui a mis le pays à l'arrêt en 2020, c'est bien le numérique. Car, face à la Covid-19 et ses impacts, « le meilleur du numérique s'est manifesté en soutenant la santé, l'éducation et bien d'autres activités productives, grâce au télétravail, notamment'', a soutenu, hier, le président de la République qui présidait, au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio, la 2e édition du Forum du Numérique, qui se tient ces 26 et 27 novembre 2020. Occasion qu'a saisie le président Macky Sall pour réaffirmer toute l'importance qu'il accorde à la digitalisation des procédures administratives et de l'économie sénégalaise en général.

Les prouesses du secteur numérique face à la maladie ont justifié le choix du thème de cette année: « Le digital au service de la gestion de la pandémie et de la relance de l'économie.'' Deux moments cruciaux au cours desquels les technologies du numérique ont permis de garder le pays sur de bons rails. Et le chef de l'Etat compte bien saisir la balle au rebond.

« Nous devons apprivoiser la science, les nouvelles technologies du numérique et tout ce qui est intelligence artificielle, et l'Internet des objets. Que ce soit le Chinois, l'Américain, l'Européen ou l'Africain, nous partons tous du même starting-block. Pour cette génération, la jeunesse africaine n'a pas besoin de tout parcourir pour rattraper le retard de l'Afrique'', exhorte-t-il.

Un discours qui suit la logique de l'érection de l'économie numérique en priorité par le gouvernement, avec un « impératif à faire du Sénégal numérique en 2025, une réalité au cÂœur de toutes les activités académiques, économiques, sociales et culturelles''.

Pour y parvenir, le chef de l'Etat s'est lancé un défi. Celui de réussir la révolution du numérique. Car pour Macky Sall,c'est elle qui définit aujourd'hui, et encore plus dans le futur, les nouvelles lignes de démarcation dans le processus de développement des nations. « Notre pays est doté de tous les outils pour permettre à la recherche, à l'innovation, à la gestion des données de se développer. Nous n'avons pas le choix, il faut que l'Administration se modernise. Alors autant le faire de bon cÂœur. Nos start-up offrent de formidables opportunités de modernisation du service public, afin qu'il épouse l'ère de son temps'', s'enthousiasme-t-il.

Quelques-uns de ces outils ont été énumérés par l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur, présent lors de cette cérémonie, en sa qualité de président du jury du Grand Prix du président de la République pour l'Innovation numérique. Devant le ministre de l'Economie numérique et des Télécommunications, Yankhoba Diattara, le nouveau président du Conseil économique, social et environnemental, Idrissa Seck, l'ambassadrice de l'Union européenne au Sénégal, Marie Teuw Niane a souligné l'adoption de la stratégie Sénégal numérique SN25, la mise en place du Conseil national du numérique logé à la présidence de la République, la création de l'Université virtuelle du Sénégal (UVS) ou encore l'opérationnalisation du super calculateur, etc., comme quelques pièces du Sénégal numérique.

Mais le Pr. Niane, grand mathématicien, voit surtout un enjeu tout simpledans l'adaptation aux mutations numériques: « Nous devons passer de la peur du numérique qui conduit inéluctablement à un assouplissement de l'Afrique par des puissances et lobbies étrangers et nous engager résolument dans la conquête des connaissances, des compétences et de savoir-faire et savoir-être découlant du numérique pour les mettre au service de la construction de l'Afrique que nous voulons.''

Digitalisation du système de santé

Pour aller vers cette dématérialisation des services publics, le patronat des entreprises du secteur numérique prend déjà les devants. Comme l'a souligné Antoine Ngom, président d'Optic (Organisation des professionnels des technologies de l'information et de la communication) qui s'est adressé au chef de l'Etat: « Vous aviez souligné, lors du Conseil présidentiel sur la relance économique, la nécessaire accélération de la transformation digitale dans tous les pans de l'économie et de la société. La pandémie de coronavirus a mis en exergue cette nécessité. L'importance de la collaboration entre les démembrements de l'Etat et le secteur privé peut mener à bien l'aménagement numérique du territoire, y compris la transformation digitale des administrations.''

Dans la matérialisation de cette vision, le leader d'Optic informe que son organisation a écrit à plusieurs administrations pour leur proposer un schéma de collaboration. « Nous avons débuté avec La Poste comme pilote. Nous sommes en train de mettre en place, avec elle, un espace de collaboration pour que le secteur privé apporte sa contribution au programme de digitalisation de La Poste'', renseigne-t-il, avant de solliciter l'appui du président de la République pour que d'autres administrations en fassent de même.

Toutefois, d'autres projets structurants attendent d'être mis en Âœuvre dans le digital. Ils auront beaucoup plus d'impact sur les populations. C'est le dossier Patient unique, par exemple. La base de la digitalisation du système de santé, fait remarquer Antoine Ngom. « C'est également la digitalisation du patrimoine, ajoute-t-il. Que ce soit le cadastre, le foncier, l'unification du système de gestion des finances publiques. C'est encore la mise en place de l'identité numérique qui sera la base à partir de laquelle seront construits l'état civil, les passeports, les cartes nationales d'identité, etc. Nous sommes prêts à accompagner cette digitalisation de l'état civil. Dans ce projet qui relève de la souveraineté numérique, le contenu local doit être une réalité''.

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GRAND PRIX DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE POUR L'INNOVATION NUMERIQUE

Mouhamadou Lamine Kébé primé

Avec sa start-up sur l'e-agriculture, le jeune étudiant de l'ESP a misé sur l'intelligence artificielle et l'Internet des objets pour révolutionner la manière de gérer les cultures.

L'édition 2020 du Forum du Numérique a été marquée par la remise du Grand Prix du président de la République pour l'Innovation numérique. Un prix prestigieux que Mouhamadou Lamine Kébé, un étudiant de 24 ans, élève ingénieur en système réseaux et télécommunications à l'ESP (Ecole supérieure polytechnique de Dakar), a remporté en raflant les faveurs du jury, grâce à sa start-up Tolle Bi. Son innovation a porté sur un projet d'e-agriculture utilisant l'Internet des objets, l'intelligence artificielle, des capteurs électroniques et des images satellitaires pour une gestion intelligente et parcimonieuse de l'eau, un contrôle et un suivi de la santé des plantes. Ce prix est accompagné d'un chèque de 20 millions de francs CFA.

Cette année, 129 dossiers de candidature ont participé au concours, dont 69 retenus par le jury, après l'examen de correction administrative de recevabilité. Onze candidats ayant obtenu une note supérieure ou égale à 16/20 se sont qualifiés pour la finale. C'est ainsi qu'a été choisi Mouhamadou Lamine Kébé comme porteur du projet le plus innovant.

« Un honneur et une responsabilité pour contribuer à l'économie sénégalaise'' que l'intéressé entend perdurer.

Le Grand Prix passe de 20 à 30 millions de francs CFA

Si Mouhamadou Lamine Kébé a été le plus heureux des participants, il n'était pas le seul à l'être. En effet, deux femmes ont aussi gagné 10 millions de francs CFA; chacune en s'adjugeant les deux prix spéciaux. Il s'agit de mademoiselle Awa Ndiaye (23 ans) qui gagne le Prix spécial jeune avec sa start-up Ndiourel, une plateforme de téléconsultation, de gestion d'agenda sanitaire et de suivi de la santé de la femme et des enfants. Avec sa start-up Mburu, madame Isseu Diop a hérité, quant à elle, du Prix spécial femme. Cette petite entreprise est une plateforme de vente et de distribution de produits locaux à partir d'entreprises communautaires de femmes.

Tout en invitant les jeunes à profiter des opportunités offertes par le numérique et à construire leur légende, le président de la République a promis d'Âœuvrer avec les lauréats pour l'application des résultats des innovations primées. Et pour stimuler encore plus l'esprit créatif des Sénégalais, Macky Sall a « décidé de porter le Grand Prix du président de la République pour l'Innovation numérique, à compter de l'année prochaine, de 20 à 30 millions de francs CFA, et d'élargir la compétition aux jeunes de 15 à 17 ans''. Jusqu'ici, elle n'était accessible qu'à partir de 20 ans.

MACKY SALL SUR LA PANDEMIE DE CORONAVIRUS

« Une deuxième vague sera insupportable pour notre pays''

En marge de la cérémonie d'ouverture de la 2e édition du Forum du Numérique organisée hier au Cicad, le président de la République a rappelé la nécessité de rester vigilant face à la situation de la pandémie de coronavirus au Sénégal.

Insistant sur le fait que la Covid-19 n'est pas encore vaincue, Macky Sall a « lancé un appel aux citoyens pour dire que le virus est encore là. Il est vrai que nous avons des résultats appréciables. Mais l'évolution de la courbe de l'épidémie montre qu'il y a des hauts et des bas. Il y a une oscillation, alors qu'on devrait voir une courbe qui s'aplatit''.

Alors qu'il vient de lancer un plan de relance économique afin de booster une reprise de l'activité, le chef de l'Etat avertit qu'une « deuxième vague sera insupportable pour notre pays''. Et tant que la maladie n'est pas vaincue à travers le monde, insiste-t-il, « nous serons dépendants''.

Ce regain d'inquiétude s'explique par les 33 contaminations relevées hier par les services du ministère de la Santé publique et de l'Action sociale, alors que ces derniers jours, l'on notait régulièrement moins de 10 nouveaux cas quotidiennement.

Plus grave, note le chef de l'Etat, « les cas communautaires montrent qu'il y a encore des personnes inconscientes de leur état qui propagent le virus. C'est le lieu d'insister encore sur les gestes barrières. Pour l'instant, c'est la seule thérapie contre la Covid-19''. Concernant l'éventualité d'un vaccin, Macky Sall avoue être déjà en discussion avec les pays développés sur la nécessité de partager tout vaccin, puisque toute l'humanité, estime-t-il, doit pouvoir en disposer.

Lamine Diouf

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