Mort de Jamal Khashoggi : un membre des services saoudiens a-t-il joué sa doublure ?

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CNN a révélé des images de vidéosurveillance montrant un des 15 Saoudiens venus le matin de la disparition de Jamal Khashoggi, quittant l'ambassade en portant ses vêtements.

Des images troublantes, enregistrées quatre heures après l'entrée de Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien à Istanbul. CNN a révélé lundi des images de vidéosurveillance montrant Mustafa al-Madani, un des 15 ressortissants saoudiens arrivés le matin de la disparition du journaliste, quittant le bâtiment, portant les vêtements du quinquagénaire, une fausse barbe et des lunettes.

La ressemblance entre le chroniqueur critique du pouvoir et le membre des renseignements saoudiens (selon le «Washington Post») est flagrante et, pour un haut gradé des autorités turques interrogé par la chaîne américaine, cela n'a qu'une explication : l'homme a servi de doublure pour masquer le meurtre de Jamal Khashoggi. «Vous n'avez pas besoin de doublure pour un entretien ou un interrogatoire. Notre position n'a pas changé depuis le 6 octobre. C'était un meurtre avec préméditation et le corps a été évacué du consulat», a-t-il assuré. «Les vêtements de Khashoggi étaient probablement encore chauds quand Madani les a enfilés».

Ce week-end, l'Arabie saoudite a reconnu que Jamal Khashoggi était bien mort dans le consulat, mais a assuré que son décès était accidentel, survenu lors d'une bagarre. Une version qui a laissé perplexe de nombreux pays, dont la Turquie où un quotidien a assuré avoir entendu un enregistrement sonore de sept minutes de sa torture et de son décès -son corps aurait été coupé en morceaux puis évacué du consulat.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a promis mardi de nouvelles révélations sur l'enquête mais en attendant, la presse turque a de nouveau publié des informations impliquant Mohammed ben Salmane, le prince héritier. Le chef du commando de 15 Saoudiens ne serait autre que Maher Abdulaziz Mutreb, un membre de sa garde rapprochée. «Si le prince héritier ne rend pas de comptes et n'est pas évincé de son poste, nous ne devons pas clore ce dossier», a écrit Abdulkadir Selvi, un éditorialiste proche du pouvoir dans le quotidien «Hurriyet».

18 Saoudiens interpellés

Sans impliquer pour l'instant le très influent prince héritier, l'Arabie saoudite a annoncé le limogeage du numéro deux des services de renseignement, le général Ahmed al-Assiri, de trois hauts responsables mais aussi d'un conseiller à la cour royale. Au total, 18 suspects saoudiens ont été interpellés.

Le président américain Donald Trump, qui s'était montré très prudent dans la recherche de responsabilité après la disparition du journaliste, a finalement durci le ton dimanche, dans une interview accordée au «Washington Post» : «Il y a manifestement eu tromperie et mensonges», a-t-il assuré. «Leurs histoires partent dans tous les sens», a ajouté le milliardaire, qui avait pourtant jugé «crédible» l'explication saoudienne évoquant une rixe au sein du consulat.

Mais il a tout de même protégé «MBS», «une personne forte» et qui «aime vraiment son pays» : «Personne ne m'a dit qu'il était responsable. Personne ne m'a dit qu'il n'était pas responsable. Nous ne sommes pas arrivés à ce point. […] J'aimerais qu'il ne soit pas responsable. Je pense que c'est un allié très important pour nous. Notamment avec l'Iran qui mène tellement d'activités néfastes à travers le monde, c'est un bon contrepoids», a-t-il déclaré.

Paris Match

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