AU DELÀ DE SONKO : Quand l’Etat du Sénégal craint les fonds Guinéens !

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Politique

Dans le cadre de ses activités politiques, le Pastef a initié une campagne de collecte de fonds. L’argent amassé devrait permettre à Ousmane Sonko d’aller à la rencontre de ses militants au Sénégal et dans la Diaspora.

L’initiative intitulée « Nemmeku Tour » a été payante puisque 125 millions de francs CFA ont été récoltés mais avant que Pastef ne s’en réjouisse, le ministre de l’Intérieur a sorti un communiqué pour rappeler les principes qui doivent gouverner le financement des activités d’un parti politique.

« Les partis politiques ne peuvent bénéficier d’autres ressources que celles provenant des cotisations, dons et legs de leurs adhérents et sympathisants nationaux, et des bénéfices réalisés à l’occasion des manifestations », rappelle le successeur d’Aly Ngouille Ndiaye à la Place Washington. 

Le communiqué diffusé le 2 janvier dernier par le ministère de l’Intérieur a été amèrement accueilli par le Pastef d’autant plus que le ministre a fait planer une menace de dissolution en s’appuyant sur l’article de la loi n 81-17 du 6 mai 1981 relative aux partis politiques. « Tout parti politique qui reçoit des subsides de l’étranger ou d’étrangers établis au Sénégal s’expose à la dissolution, conformément à l’article 4 alinéa 2 de la loi de 1981 susmentionnée », a ajouté le communiqué signé par le ministre himself.

« C’est regrettable qu’un ministre, magistrat censé connaître la loi, censé connaître la logistique avec ce qu’on appelle les notions de codage, de décodage de la loi, soit incapable de lire une loi, même si cette loi date de 1898 », se désole l’administrateur du Pastef Birame Soulèye Diop. Des membres de la société civile se sont indignés de la démarche d’Antoine Félix Abdoulaye Diome. Laquelle démarche quoique interprétable politiquement en raison de ce que représente Ousmane Sonko sur l’échiquier politique sénégalais, revêt un caractère avant-gardiste et pour cause.

Il est de notoriété publique qu’entre les autorités sénégalaises et guinéennes, les relations ne sont plus au beau fixe. Cette inimitié née des soupçons de soutien de Macky Sall à Umaro Sissoco Embalo lors de la présidentielle de décembre 2019 s’est envenimée à partir du mois d’octobre 2020.

Alpha Condé est convaincu que le président sénégalais était le principal bailleur et souteneur de son éternel challenger Cellou Dalein Diallo qui était à Dakar lors de la campagne électorale guinéenne pour parler à ses militants.

Aussi à l’occasion de ces joutes électorales, le candidat de RPC Arc-en-ciel criait sous tous les toits que le successeur de Wade a instrumentalisé la presse sénégalaise pour le compte de son adversaire. Mais si le président nonagénaire en veut vraiment à son jeune frère sénégalais, c’est qu’il croit dur comme fer que ce dernier l’a «trahi». En raison de l’invalidation de la candidature de son fils Karim Wade à la présidentielle de 2019, l’ancien chef de l’Etat sénégalais Me Abdoulaye Wade avait promis de saboter le scrutin du 24 février. Alpha Condé a joué les bons offices pour calmer les ardeurs de Wade qui finalement a renoncé à ses velléités de mettre le Sénégal en sens dessus dessous.

Déçu de la rançon, Condé a décidé de payer à Macky Sall la monnaie de sa pièce. Il nous revient de nos sources que l’homme fort de Conakry est prêt à dégainer fort financièrement pour tout homme politique sénégalais qui serait prêt à l’aider à solder ses comptes avec l’actuel locataire du palais de l’Avenue Léopold Sédar Senghor. Seulement, les autorités sénégalaises n’ont pas l’intention de lui faciliter la tâche. Le communiqué du ministre de l’Intérieur vise en partie à dire à Condé qu’ils sont au courant de ses manœuvres même si pour l’heure rien n’indique qu’il existe un lien entre lui et le président du parti Pastef. Cependant, Condé ne cracherait pas sur une telle proximité et pour cela, il compte activer son poulain aux élections présidentielles Bissau-guinéennes, Domingos Simoes Pereira soutenu publiquement par Sonko. La question qu’il faut maintenant se poser est de savoir si l’ancien inspecteur aux impôts irait jusqu’à manger dans ce plat ?

Des interventions de ses différents responsables, il ressort que le parti met un point d’honneur à identifier chaque donateur pour éviter que ce canevas ne soit utilisé par des malfaiteurs pour nuire aux intérêts du Sénégal ou à des fins de vendetta. Maintenant reste à savoir si cette prudence a toujours accompagné le processus ou si elle résulte de la mise en garde d’Antoine Diome.

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