Coordination Afrique-UE: pénaliser les passeurs plutôt que les migrants

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S'en prendre aux passeurs pour contenir l'immigration des Africains vers l'Europe. C'est pour concrétiser ce principe que se sont réunis, ce vendredi, des ministres africains et européens au Niger. Le ministre français de l'Intérieur, Gérard Collomb, a souligné peu avant la réunion l'importance de la «lutte contre ces réseaux» et a promu une coopération «en amont» de la traversée de la Méditerranée, «au plus près des pays d'origine et de transit des migrants».

Ses intentions ont été partagées parson homologue nigérien, Mohamed Bazoum, qui a pour sa part affirmé que «l'efficacité» de la lutte contre l'immigration clandestine pouvait être «significativement améliorée à travers une bonne coopération de sécurité, au niveau national et régional, entre les pays d'origine et de transit». La conférence, qui s'inscrit dans la logique des «pactes migratoires» initiés au sommet de La Valette en 2015, s'est tenue autour de huit pays africains, le Tchad, le Mali, le Burkina Faso, la Mauritanie, la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Sénégal, la Libye, et de quatre pays européens, à savoir la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne.

Sur ce même sujet, un pacte controversé avec la Turquie, pris en 2016, avait déjà permis de faire chuter les arrivées de réfugiés par la Méditerranée orientale. Les pays présents au Niger comptent aujourd'hui s'attaquer à la route passant par la Libye et à celle, plus confidentielle mais en plein essor, du Maroc et de l'Espagne.

Quelles mesures contre les passeurs'

Du côté français, si le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a fait de la lutte contre l'immigration clandestine une priorité de son mandat, il compte donc aujourd'hui – tout comme ses homologues africains – s'atteler à l'arrêt des départs, lesquels ont précipité vers la mort plus de3091 personnes en 2017, selon les chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Renforcement des législations nationales pour punir les trafiquants et durcissement du contrôle des frontières, création d'équipes dédiées, intensification de la coopération entre les pays au niveau policier et judiciaire: ces prérogatives font partie des mesures discutées à Niamey. Des dispositions ont d'ailleurs été déjà envisagées à la suite des deux sommets UE-Afrique de 2017, en août à Paris et en novembre à Abidjan. Les conclusions de ces réunions prônaient, faut-il le rappeler, la formation des forces de police et de gendarmerie, l'aide aux contrôles des frontières et la création de fichiers d'identité.

Le Niger, pays-clé de la coopération Afrique-UE

À Niamey, les dirigeants africains et européens devraient donc s'attacher à la concrétisation de ces mesures. Il faut dire que le lieu de la réunion n'a pas été choisi par hasard. Le Niger est en effet devenu, un peu malgré lui, un pays-clé du traitement de la question migratoire en parvenant, par exemple, à faire considérablement baisser le transit des migrants sur son sol, même s'il reste élevé. Gérard Collomba d'ailleurs salué, en amont de la conférence, cet effort du pays pour «barrer la route du Nord» vers la Libye. Après la divulgation des vidéos de maltraitance des trafiquants libyens à l'égard des migrants, le pays s'est encore impliqué, un peu plus, dans la coopération. Pour le Haut Commissariat pour les réfugiés de l'ONU (HCR), le Niger est devenu une véritable «base arrière» pour l'évacuation des réfugiés de Libye -reconnus comme tels, contrairement aux migrants économiques – avant leur réinstallation en Europe.

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