EDOUARD MENDY PORTIER DES LIONS : « J'aspire à voir plus haut''

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Auteur d'une saison remarquable avec Reims en Ligue 1, Edouard Mendy se prononce sur son avenir en club. Le portier des Lions est également revenu dans cet entretien avec l'Equipe sur les raisons de son choix de porter le maillot de l'équipe du Sénégal.

Vous brillez cette saison en L 1. Pourtant, il y a cinq ans, vous avez connu le chômage…

J'étais à Cherbourg (National, 2014). En fin de saison, le club avait été rétrogradé en DH pour problèmes financiers. Un agent sportif s'était engagé à me trouver un club en Angleterre. J'ai attendu tout l'été. Entre-temps, j'avais refusé des clubs de National et de CFA 2 (N 2). On était fin août. C'était trop tard.

Avez-vous imaginé mettre fin à votre carrière ?

Pas au début. J'étais optimiste. Ce n'était pas un problème de niveau. Pour continuer à avancer, il fallait que je le prenne comme un contretemps. Beaucoup de mes potes ont arrêté car ils n'y ont pas cru. Mais, en décembre et janvier, ce que l'on me proposait n'était pas intéressant. Je vivais avec 800 euros par mois, chez mes parents. J'allais avoir mon premier enfant. Je me suis posé les vraies questions. Fallait-il repartir en CFA, bourlinguer sans visibilité ? Je me doutais que ça n'allait pas être simple, qu'il fallait faire plus que les autres. Mais que ça allait être aussi dur, non. Un an sans jouer, c'est long. J'ai douté. Qui pouvait vouloir de moi au bout d'un an sans match, sans jamais avoir été professionnel ? N'était-ce pas mieux de trouver un truc stable et de s'occuper de sa famille ? J'ai envisagé de revenir dans la vente, comme gérant de magasin. Et abandonner le foot, parce que cela m'aurait fait trop mal. C'était mon rêve. J'avais tout fait pour que cela devienne un objectif. J'ai travaillé comme un malade tous les jours. Je n'attendais qu'une chose, avoir ma chance. Et Marseille me l'a offerte. Je l'ai saisie.

Pourquoi avez-vous percé si tard ?

Mon parcours fait le gardien que je suis aujourd'hui. Mon potentiel a été exploité pleinement avec les aventures que j'ai vécues. À Marseille (2015-2016 en CFA), avec Stéphane Cassard, j'ai énormément progressé. Je suis devenu mature plus vite. Si je n'étais pas passé par où je suis passé, j'aurais eu des réactions différentes en L 1. Quand on est dans un club de quartier, comme les Municipaux du Havre (2006-2011), il faut se faire respecter. Trop souvent, c'est le poste que personne ne veut occuper. On a tendance à le dénigrer. Après, les performances donnent de la crédibilité. Mais, quand on joue en DH, les clubs ne viennent pas forcément te voir. En plus, il y a le HAC à côté. Ils se disent, « a ne sert à rien Au début, le HAC voulait me laisser du temps. Il n'a pas cru en moi tout de suite. Le club a voulu me reprendre l'année où je suis parti aux Municipaux. J'étais décidé à réussir ailleurs. J'avais besoin de voir autre chose. Il valait mieux être numéro deux en National et titiller le numéro un que numéro trois chez les pros.

À Marseille, vous n'avez joué que huit matches en équipe réserve.

Je suis arrivé quand la saison avait démarré. Florian Escales allait jouer la première partie de saison. J'étais en contrat amateur à 2 000 â ¬ brut mensuels. Je savais que je venais me montrer. Cinq clubs de L 2 m'ont contacté (dont Reims, Troyes, Ajaccio et Le Havre). L'OM a fait le forcing pour accélérer mon contrat pro. Je ne pouvais pas attendre qu'ils vendent. Cette saison a été un moteur. La discussion avec Sébastien Hamel (préparateur des gardiens de Reims) a fait la différence.

Avez-vous souffert de ces galères ?

Oui, j'en ai bavé. Ma famille aussi. Mais je suis croyant, catholique. Je me disais que le travail allait payer. J'ai été récompensé. Mon parcours m'a forgé. J'essaye de m'en servir au mieux au quotidien. Pour avancer et faire avancer les jeunes de l'équipe. J'espère que mes enfants n'auront pas le même vécu, frustrant et fatiguant. Mais qu'il va leur servir.

Jouerez-vous à Reims en 2019-2020 ?

Les dirigeants ont été clairs avec moi dès le début. On devait voir comment ça se passe les six premiers mois. J'ai accepté une prolongation (jusqu'en 2022). Refaire un an à Reims ne me dérange pas. Bien au contraire. Mais on ne peut pas savoir ce qui va se passer dans le foot. J'aspire à voir plus haut. On discutera (pour être fixé avant le 4 juin et le rassemblement du Sénégal à Dakar). Ici, les personnes sont intelligentes. Elles veulent faire progresser les joueurs.

Pourquoi avoir choisi de jouer en faveur du Sénégal ?

C'est le choix du coeur, de la famille. Je ne me voyais pas avec un maillot d'une autre équipe nationale. Ils ont commencé à me faire rêver en 2002 (battus par la Turquie en quarts de finale du Mondial). C'est le pays où mes parents habitent. Où mon frère aîné est né. Il ne faut pas choisir. Je suis aussi français que sénégalais. La mixité est une richesse. La culture des deux fait ce que je suis. C'était un choix naturel. Lors du dernier rassemblement, pour ma première sélection en qualité de titulaire, c'était un moment fort.''

L'EQUIPE.FR

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