? Imposer l'interopérabilité aux plateformes ? Les doutes et la prudence de Cédric O

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70 organisations ont signé une lettre ouverte pour demander au gouvernement et au législateur d'imposer l'interopérabilité aux grandes plateformes. Le sujet est toutefois jugé « excessivement agressif pour le modèle économique des grandes plateformes » estime Cédric O, secrétaire d'État au Numérique.

Le 21 mai, 70 organisations de défense des libertés, organisations professionnelles, hébergeurs et FAI associatifs, ont demandé au gouvernement et au législateur « d'agir pour que les grandes plateformes (Facebook, YouTube, Twitter?) deviennent interopérables avec les autres services Internet ».

Dans cette lettre commune, signée par la Quadrature du Net, l'AFUL, l'April, la FDN, Framasoft ou encore Tetaneutral, tous estiment cette réforme nécessaire afin de ne plus « se trouver captif d'une plateforme ».

L'interopérabilité, c'est le « pouvoir [de] librement la quitter, sans perdre ses liens sociaux, et de continuer à communiquer avec ses contacts ». Elle « permet à quiconque de lire depuis un service A les contenus diffusés par ses contacts sur un service B, et d'y répondre comme s'il y était ». Évidemment, « l'interopérabilité est garantie lorsqu'elle repose sur des standards ouverts ».

Pour ces signataires, il y aurait un enjeu au regard des textes actuellement sur la rampe : « à l'opposé de la voie prise par les récentes lois de censure, il ne faut pas espérer que ces plateformes freinent la diffusion de propos haineux, trompeurs ou dangereux, car leur modèle économique, au contraire, renforce cette diffusion ».

En permettant à chacun « d'échapper à la surveillance et à la toxicité de ces grandes plateformes », au hasard pour rejoindre « des services libres, décentralisés et à taille humaine sans conséquences nocives sur ses liens sociaux », la solution serait plus que judicieuse.

Questionné ce matin en commission des lois, Cédric O, secrétaire d'État en charge du Numérique estime qu'un tel chantier « prendra énormément de temps » et n'est, au contraire, pas totalement corrélé aux débats actuels.

Permettre à quelqu'un qui utilise WhatsApp d'envoyer un message sur Signal ou Télégram ? « C'est techniquement plus ou moins facile à réaliser », mais pose des questions en termes de portabilité des données, notamment celles des contacts, estime-t-il. Avec un tel dispositif, « on ne règle pas le problème » de la haine en ligne, « on permet juste à la victime de partir ». C'est « un vrai sujet », jugé toutefois « excessivement agressif pour le modèle économique des grandes plateformes ».

Selon lui, cette question dépasse donc la question de la haine en ligne et doit plutôt être intégrée au sein des débats de l'OCDE ou de l'Europe sur la concurrence des grandes plateformes.

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