Le permis Internet au CM2, de la pédagogie par la peur ?

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L'initiative du permis Internet lancée par la gendarmerie et l'association Axa Prévention fait tiquer Lionel Tardy. Le député de Haute-Savoie vient de questionner le ministre de l'Éducation nationale sur le contenu anxiogène de cette curieuse épreuve ouverte aux élèves de CM2. Des critiques qui rejoignent celles du syndicat de l'inspection de l'Éducation nationale.

L'initiative du permis Internet lancée par la gendarmerie et l'association Axa Prévention fait tiquer Lionel Tardy. Le député de Haute-Savoie vient de questionner le ministre de l'Éducation nationale sur le contenu anxiogène de cette curieuse épreuve ouverte aux élèves de CM2. Des critiques qui rejoignent celles du syndicat de l'inspection de l'Éducation nationale.  « En regardant les questions posées, il semble que ce permis repose principalement sur une pédagogie « par la peur », qui n'a aucun intérêt si elle n'est pas accompagnée d'une sensibilisation aux usages du numérique » considère Lionel Tardy. Selon le député, ce complément est pourtant nécessaire « pour que les élèves acquièrent de réelles compétences en la matière ». Il vient ainsi de contacter le ministre de l'Éducation pour lui demander « l'articulation de ce « permis internet » avec le B2i (brevet informatique et internet) et les autres actions pédagogiques de ce type ». Dans une autre question, le député souhaite aussi savoir pourquoi la gendarmerie a été choisie, plutôt que d'autres intervenants. Le permis Internet pour les enfants a été lancé en décembre dernier. Épaulé par un kit pédagogique adressé aux parents et aux enfants, le dispositif est accompagné d'une série d'engagements des enfants. « Sur internet, comme dans la rue, je n'échange jamais avec des inconnus », « je ne communique jamais mes renseignements personnels », etc. 15 000 kits sont programmés, financés par Axa Prévention. Le site PermisInternet est d'ailleurs estampillé propriété de l'assureur.Les critiques de Lionel Tardy rejoignent de fait celles du SI.EN UNSA. Le Syndicat de l'Inspection de l'Éducation Nationale a appelé en mars dernier les inspecteurs du secteur à ne pas promouvoir un tel projet. Et pour cause, c'est « un dispositif diamétralement opposé aux démarches préconisées dans le cadre du socle commun des compétences, des connaissances et de la culture ». Le syndicat rappelle ainsi que c'est aux enseignants de développer les actions éducatives des élèves, non aux gendarmes ou aux assureurs aussi prestigieux qu'Axa. « Nous rejetons cette vision caricaturale des « dangers de l'internet » et réaffirmons notre soutien aux équipes pédagogiques développant sur ce point de vrais projets éducatifs. » Le syndicat préfère ainsi faire confiance aux enseignants, « aux actions de sensibilisation basées sur les outils informatifs élaborés par des pédagogues, les mises en situation sécurisées par la médiation attentive et bienveillante des adultes ». Des perspectives « plus porteuses et efficaces » selon ce syndicat pour prendre conscience « non seulement des dangers, mais surtout des richesses de l'Internet ». Et dans un pamphlet, le même syndicat rajoute une couche estimant que « les enseignants ont un penchant naturel à privilégier l'intelligence à la norme, la compréhension à la soumission, l'adhésion à la contrainte ».

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